Dans de nombreuses religions, le traitement du cheveu (et, par extension, du poil) est essentiel. Il est une manière de maintenir l’ordre, de créer des normes et de se différencier des autres. Mais alors quel est le lien entre cheveux et religion ? Installez-vous confortablement, Madame la Présidente fait un petit point !
Les normes capillaires varient d'une culture à l'autre et, même si des tendances se distinguent, les mêmes signes peuvent avoir des significations différentes en fonction des traditions. Le cheveu comme indicateur religieux… Oui, mais dans quelle mesure ?
Les liens entre cheveux et religions monothéistes
Dans les cultes monothéistes, le traitement du cheveu (et de la pilosité en général) est une affaire de différenciation. Pour faire simple : tout le monde veut être différent des autres ! Ainsi, Saint-Paul affirme que "Tout homme qui prie la tête couverte déshonore son chef" et refuse donc le couvre-chef. À l'inverse, les juifs se couvrent la tête... Et les musulmans laissent pousser leur barbe – qu'ils doivent entretenir avec soin. Vous l'avez donc déjà compris : le lien entre cheveux et religion est donc très étroit.
La religion et les cheveux des femmes
Dans ces religions, et en particulier dans l'Islam et le Judaïsme orthodoxe, les cheveux d'une femme sont sacrés : elle ne les montre pas en public (à compter du mariage pour les Juives, dès 7 ans pour les Musulmanes) et les couvre quand elle sort de son foyer. Voile, foulard, couvre-chef, perruque, ... Les solutions divergent en fonction des courants. L'idée, de tout temps, est de montrer une femme sage : la chevelure est alors considérée comme un atout séduction (que celle qui ne pimpe pas ses cheveux avant un date lève la main !) qui ne doit pas être exhibé.
Mais ces règles de pudeur dépendent bien sûr du contexte : si la femme doit se couvrir la tête (le cheveux est de l'ordre de la nudité dans ces cultes), elle a bien sûr le droit d'être élégante, voire séduisante pour son mari. En bref, elle a le droit d'être bien dans sa peau (et c'est bien normal !).
Et si vous aviez besoin d’une nouvelle preuve de l’importance du lien entre cheveux et religion : les féministes juives ont choisi pour emblème Lilith, première femme créée par Dieu, figure de la révolte… Aux beaux cheveux roux et longs ?
Liens entre cheveux et religion pour les hommes
Dans le Christianisme et le Judaïsme, l'image des poils chez l'homme est assez négative. Ainsi, la punition divine pour les juifs et les chrétiens est... L'hirsutisme. En bref : la pousse excessive des poils. Un plaisir ! Ce n'est pas le cas de l'Islam, dont les hadiths interdisent le rasage de la barbe – mais pas l'entretien, elle doit être taillée et rasée régulièrement, conformité oblige !
Il en va de même pour les cheveux : entretien obligatoire, le Christianisme et l'Islam refusent les cheveux longs chez les hommes, car ils sont ce qui les distingue des femmes. Les Juifs, quant à eux, doivent porter la kippah pour se couvrir la tête (après tout, pourquoi les femmes seraient-elles les seules à cacher leurs cheveux ?). Le cheveu serait-il un code social ? Évidement, vous en doutiez encore ? Si vous voulez en savoir encore plus, foncez écouter ce super podcast : il traite le sujet en profondeur !
Zoom sur les rastafariens
Les Rastafariens (souvent appelés par leur diminutif, les Rastas), sont les adeptes du mouvement rastafari. Vous pensiez qu'il ne s'agissait que d'un style vestimentaire ? Vous vous trompiez ! Et ils ont un rapport bien particulier à leurs cheveux. Ce mouvement religieux et culturel a vu le jour en Jamaïque au XXe siècle. Son objectif : redonner sa fierté et sa place à l'homme noir, trop souvent rabaissé et humilié pour sa couleur de peau et la nature de ses cheveux.
Les Rastafariens sont végétariens, ne boivent pas d'alcool... Et ne coupent ni leur barbe, ni leurs cheveux ! Ils les laissent s'emmêler naturellement ou les tressent : ce sont les locks que l'on connait si bien. C'est là l'expression d'une spiritualité intérieure et de leur foi en Dieu. Le lien entre cheveux et religion est donc, là encore, bien présent.
Les liens entre cheveux et religions polythéistes
Zoom sur l'Inde : de fabuleux cheveux dédiés aux dieux
Peut-être rêvez-vous, comme l'équipe Madame la Présidente, d'une chevelure aussi longue et brillante que celle des Indiennes… Mais saviez-vous qu'il y a, là encore, un lien entre leurs cheveux et la religion ? Si ces femmes sont réputées pour leurs soins aux poudres et aux huiles, c'est aussi parce que leur cheveux sont un trésor sacré dont elles font parfois don aux dieux. Au sud-est de l'Inde, les Indiens vénèrent les dieux hindous et leurs propres cheveux sont un don suprême. En signe de sacrifice et de gratitude (suite à une prière exhaussée ou pour attirer les faveurs des dieux par exemple), les femmes (et les enfants) se rasent la tête et offrent leurs cheveux au temple.
Les enfants indiens sont d'ailleurs complètement tondus avant leurs trois ans. En effet, dans l'hindouisme, les cheveux lient l'enfant à ses vies antérieures. Les lui raser efface toute trace d'un passé néfaste ou de mémoires karmiques négatives. Ce rituel laisse donc place à la pureté : nouvelle tête pour une nouvelle vie !
Petite anecdote: les cheveux donnés en offrande aux temples par les Indiennes sont revendus à l'international. Ils sont utilisés pour faire des perruques, notamment portées par les Juives orthodoxes pour cacher leurs cheveux. En 2004, un débat éclate au sujet de ces perruques, dont les cheveux provenaient de cultes païens… ils furent donc bientôt refusés par les rabbins. Une appellation casher a alors été mise en place pour les perruques, afin de les juives orthodoxes n'utilisent pas celles qui sont issues des dons indiens… Comme quoi, les religions sont parfois liées (ou opposées) par les cheveux !
Les moines : le rasage comme preuve de dévotion
Pourquoi les moines bouddhistes se rasent-ils la tête ? Madame la Présidente a mené son enquête, et la réponse est bien plus simple qu'on ne pourrait l'imaginer : ils se débarrassent ainsi des embarras que leur causent leurs cheveux. Ce rasage marque aussi un renoncement à l'attachement au monde extérieur : ils peuvent ainsi se dédier à leur foi et à la méditation.
Il en va de même pour la tonsure des moines ecclésiastiques (oui, nous revenons un peu au christianisme), qui apparaît au VIe siècle. Elle symbolise la royauté du Christ et le renoncement à la vie sexuelle. Pour les chrétiens, la tonte n'est d'ailleurs pas l'apanage des hommes, puisque certains ordres féminins, comme le Carmel, l'imposent également.
Au-delà de la religion, des croyances culturelles
Pour de nombreux peuples amérindiens, la port du cheveu long est valable aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Se couper les cheveux est inenvisageable, car ils sont considérés comme une extension de l’être, une source de force, une part intégrante de leur vie spirituelle. Dans son superbe article à ce sujet, l’Aigle bleu définit même les cheveux comme “des conducteurs d’énergie électromagnétique corporelle”. Si l’on peut penser ici qu’il s’agit davantage d’une tradition que d’une pratique religieuse (ces croyances n’impliquant pas de dieu), elle n’en n’influe pas moins sur le port du cheveu.
Mieux, la coiffure et la couleur ont aussi une signification. Enfin, s’ils doivent être coupés, un rituel sera mis en place, et les cheveux seront traités avec le même respect que celui accordé à un être humain : enterrés, incinérés, ou déposés dans le courant d’une rivière.
Bien sûr, nous n’avons pas pu traiter ici tous les cultes (il nous aurait fallu des heures pour tout énumérer, nous vous épargnons une lecture interminable !).
Nous n’avons pas non plus abordé le rapport aux cheveux dans les différentes cultures (même la culture amérindienne mériterait un article à elle-seule), en dehors de la religion. Ainsi, par exemple, chez les femmes, les cheveux longs sont souvent apparentés à la pureté, mais aussi à la séduction. Pour les hommes européens, les cheveux courts sont généralement de mise pour avoir l’air sérieux, soigné, maîtrisé… Mais avec les hipsters, les cheveux longs reviennent à la mode en Europe (et la calvitie est la hantise de chacun) ! Au Mali, le port de la coiffe est un symbole de féminité… Et la liste est encore longue !
Alors, un article sur les cheveux dans les différentes cultures, ça vous plairait ?